Roulettes contre pipelines : une manifestation en solidarité avec la nation Wet’suwet’en
Une manifestation sur roulettes s’est promenée dans les rues de Montréal vendredi soir pour dénoncer les projets de pipelines au pays. L’événement a réitéré l’appui de plusieurs groupes environnementaux envers la nation Wet’suwet’en qui s’oppose depuis des mois au mégaprojet Coastal Gaslink en Colombie-Britannique.
Journaliste et photographe : Élisabeth Labelle
Publié le 6 juin 2020 dans le webzine Futur Proche

Photo : Élisabeth Labelle

C’est sous un soleil d’été que des dizaines de manifestant.e.s se sont rassemblé.e.s autour du Monument à Sir George-Étienne Cartier, au pied du Mont Royal, un peu avant 19h. Avec une trentaine de degrés au mercure, la météo n’aurait pu être plus clémente pour un rassemblement extérieur.
L’invitation avait été lancée sur Facebook par la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) en partenariat avec Extinction Rebellion Youth Québec et Pour le futur Montréal.
L’événement intitulé « Roulettes contre pipelines » a été devancé à vendredi pour permettre aux participant.e.s de se joindre à la manifestation contre le racisme et la brutalité policière qui aura lieu ce dimanche à Montréal.
« On ne voulait pas nuire à cette manifestation-là, » me confie John Nathaniel Gertler, un membre de la CEVES qui a contribué à l’organisation de l’événement, aux abords de la statue.
La coalition a d’abord ressenti un certain inconfort à l’idée de maintenir le rassemblement suite au décès de George Floyd. Après réflexion, elle a réalisé que la cause environnementale et celle des personnes victimes de racisme, comme les peuples autochtones du Canada, étaient étroitement liées. « On s’est dit que c’était dans le même [élan] de justice et de solidarité », explique Gertler.
Il faut dire qu’à pareille date en février dernier, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) procédait à l’arrestation de plusieurs membres de la nation Wet’suwet’en dans un camp d’opposants au gazoduc Coastal Gaslink en Colombie-Britannique. La nouvelle date de la manifestation, qui se voulait en appui à la nation Wet’suwet’en dès le départ, revêtait donc un caractère d’autant plus significatif.
Comme si ce n’était pas assez, on célébrait la Journée mondiale de l’environnement ce jour-là.

Photo : Élisabeth Labelle

Le son d’un tambour traditionnel a résonné à travers l’assistance à 19h. Marlene Hale, une représentante de la nation Wet’suwet’en résidant à Montréal, a alors pris la parole pour s’adresser à la foule. Durant son allocution, Hale a fait mention du mouvement Black Lives Matter et de l’impact de la pandémie sur les Premières Nations.
À ce propos, la majorité des manifestant.e.s portaient le masque en tissu. Des bénévoles ont distribué du désinfectant pour les mains à travers la foule avant le départ et offraient des masques aux personnes qui le désiraient.
Le véritable défi était la distanciation physique, surtout au point de rassemblement, mais les cyclistes et planchistes semblaient faire des efforts pour maintenir le fameux deux mètres tout au long du parcours.
L’idée même d’une manifestation à vélo s’est imposée alors que la CEVES cherchait des initiatives qui seraient cohérentes avec les mesures d’hygiène actuelles. « On était tanné d’être devant notre ordinateur et on voulait passer à l’action, » me dit Gertler qui voyait les autres membres de la coalition en personne pour la première fois depuis des mois.
Après avoir reçu quelques instructions liées à la sécurité routière, les manifestant.e.s se sont dirigé.e.s vers l’avenue du Parc, direction sud, aux alentours de 19h30. Plusieurs participant.e.s avaient confectionné des affiches pour l’occasion, apposées sur leur bicyclette ou accrochées dans leur dos.
J’ai suivi le groupe à vélo de l’avenue du Parc à la rue Sherbrooke, puis à l’ouest jusqu’au Parc Maisonneuve. La présence policière s’est fait sentir tout au long du trajet, à vélo, en moto et en voiture, mais l’ensemble de la manifestation s’est déroulée dans le calme.
C'est avec les mains noircies de saleté à cause d’un pépin avec ma chaîne de bicyclette à mi-parcours que je suis arrivée à destination vers 20h45. Avec le mât du Stade Olympique illuminé en arrière-plan, les organisateur.trice.s ont pris la parole pour féliciter les manifestant.e.s.
Suite au bon déroulement de la manifestation sur roulettes, les instigateur.trice.s de l’événement semblent vouloir répéter l’expérience. Il faut dire que l’annonce faite la veille par le gouvernement Trudeau d’exempter tous les forages exploratoires réalisés en milieu marin, au large de Terre-Neuve, de toute évaluation environnementale donne de nouvelles raisons aux groupes environnementaux de se mobiliser pour une relance juste et verte.

S U I V A N T